Transports from Paris to Auschwitz

The Klarsfeld documents record all the transports (in French : "convoi") of Jews from Paris to the "East".
The five reports below concern the transports of Lucienne, Marie, Hans, Erwin, Alexandre and Milan Porges.

Source : Archives of the Centre de Documentation Juive Contemporaine (CDJC) in Paris


Name Address Nationality Place born Date born Camp
Porges, Milan "Tanner", 16 rue Marcel Sembat Montreuil sous Bois   Zilina (Czek) 12/03/1895 from Pithiviers to Auschwitz
convoi 4
Porjes, Alexandre "tailor", Paris   Vienne 10/04/1911 Auschwitz
convoi 6
Porges, Erwin     ? 16/07/1891 from Belgium to Auschwitz
convoi 20
Porges, Hans 31 rue du Roi de Sicile, Paris   Vienna 20/07/1907 from Les Milles to Drancy
convoi 29
Porges, Marie   Budapest 09/06/1909 from Pithiviers to Auschwitz
convoi 47
Porges, Lucienne French Paris 12/07/1940 from Pithiviers to Auschwitz
convoi 47

CONVOI N° 4 EN DATE DU 25 JUIN 1942

Ce convoi, qui est parti de Pithiviers, a été composé exclusivement d'hommes, de même que les deux premiers convois. On compte parmi les 999 hommes que les Allemands ont répertoriés par nationalités : 937 Polonais, 20 Allemands, 20 Tchèques, 8 indéterminés, 5 Russes, 5 Roumains, 1 Autrichien, 1 apatride.

L'âge de ces hommes varie entre 20 et 54 ans et, pour la très grande majorité d'entre eux (795), ils étaient âgés de 31 à 42 ans.

La liste est extrêmement difficile à déchiffrer. Les indications sont portées dans le sens longitudinal. Elles donnent le nom, le prénom, la date et le lieu de naissance, la situation de famille, la nationalité, la profession et l'adresse des déportés.

D'après les adresses, on constate qu'il s'agit exclusivement de personnes domiciliées dans la région parisienne et, comme les déportés des deux précédents convois, de personnes habitant les mêmes arrondissements (3ème, 4ème, 10ème, 11ème, 12ème, 18ème, 19ème, 20ème) arrêtées dans les mêmes circonstances, au cours des opérations de mai et d'août 1941.

La liste est signée, le 22 juin 1942, par le commandant du camp de Pithiviers avec deux rectificatifs du 24 juin concernant le remplacement de cinq hommes.

Certains documents de la Gestapo concernent ce convoi : le XXVI-31 du 16 juin ; les XXVb-38 des 17 et 18 juin ; le XXVb-40 du 25 juin est un télex du kommando de la Sipo-SD (police nazie) d'Orléans, adressé à la section anti-juive (IV J) de la Gestapo à Paris, annonçant l'envoi au IV J de la liste des 1000 hommes juifs.

Le XXVI-35 du 19 juin donne l'horaire du train : Pithiviers 6.15,Troyes 11.35, St-Dizier 15.14,Revigny 16.29

Effectivement le télex réglementaire adressé le 25 juin à Eichmann à Berlin, à l'Inspection des camps à Oranienburg et au commandant d'Auschwitz, indique que le convoi est bien parti de Pithiviers à 6h.15 comme prévu une semaine plus tôt. Ce télex précise qu'il s'agit de 1000 Juifs et que le chef du convoi (Transport-führer) jusqu'à Neuburg (la frontière) est le lieutenant Kleinschmidt.

À leur arrivée à Auschwitz, le 27 juin, les 1000 déportés ont reçu les matricules 41773 à 42772. Le 15 août, soit 7 semaines plus tard 557 étaient encore en vie ; la mortalité avait atteint 45% au lieu de 80% pour le convoi précédent.
Cette différence considérable s'explique par l'âge moyen, plus jeune d'environ 5 ans dans ce convoi que dans les deux précédents, et surtout sans doute par l'origine polonaise de plus des 9/10 des déportés, mieux aptes à résister aux effroyables conditions d'existence qui régnaient dans le camp d'Auschwitz, situé en Pologne, que, par exemple, les 435 Juifs français du convoi n° 3 parti seulement 3 jours plus tôt.

À notre connaissance, sont rentrés, en 1945, 51 survivants.

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Courrier par lequel Dannecker informe Eichmann à Berlin que les 3 convois prévus (23,25,28 juin) pourront partir et que 3.000 Juifs sont prêts à être mis en marche :

Unter Hinweis auf meinen FS-Bericht vom 16.6.1942 bitte ich um Mittei1ung, ob trotz der darin aufgezeichnste n Schwierigkeiten von dort aus über das Reichsverkehrsministerium die Abste11ung der 3 Sonderzüge aus Le Bourget-Drancy, Pithiviers bezw. Beaune-1a-Ro1ande erfolgen kann. Die für diesen Abschub Vorgesehenen 3 000 Juden sind marschbereit.

(signé)

SS - Hauptsturmführer


CONVOI N° 6 EN DATE DU 17 JUILLET 1942

Ce convoi a quitté le camp de Pithiviers, avec un contingent de 809 hommes et de 119 femmes, soit 928 personnes déportées. Un télex du kommando de la Sipo-SD (la police nazie) d'Orléans le confirme le 18 juillet à la section anti-juive (IVJ) de la Gestapo à Paris. Il précise aussi que, parmi les déportés, 193 Juifs et Juives avaient été envoyées par le kommando de la Sipo-SD de Dijon et que 52 autres provenaient du kommando d'Orléans lui-même. Le télex ajoute que deux listes originales ont été remises au chef du convoi, le lieutenant de gendarmerie Schneider.

La liste des noms est dans un état presqu'illisible. Il s'agit de papier pelure et les noms sont à peu près indéchiffrables ; le carbone était de couleur violette. Sont précisés le nom, le prénom, la date et le lieu de naissance, la profession et la ville du domicile. L'orthographe des noms est extrêmement fantaisiste.

La plupart des déportés proviennent de la région parisienne.

La nationalité n'est pas précisée. Mais en parcourant les lieux de naissance des déportés, on constate que, dans leur très grande majorité, il s'agit de localités polonaises.

La tranche d'âge la plus fournie se situe entre 33 et 42 ans (550 sur 928 déportés). Des adolescents entre 16 et 22 ans accompagnent leurs parents; on en compte 141. Il y a même quelques enfants plus jeunes encore, telle Marie-Louise Warenbron, née à Paris, le 27 avril 1930 et qui n'a que 12 ans, ou Rebecca Nowodworski, née à Luxembourg ,le 13 septembre 1928 et qui n'a pas 14 ans.

Deux documents de la Gestapo concernent ce convoi : le XXVb-65 du 14 juillet et le télex réglementaire (XXVb-75) du 17 juillet, adressé de Paris par la section anti-juive de la Gestapo à Eichmann à Berlin, à l'Inspection des camps à Oranienburg et au commandant d'Auschwitz. Dans ce télex, il est indiqué que le convoi a quitté Pithiviers, le 17 juillet, à 6h.15 avec 928 Juifs, dont 119 femmes.

A leur arrivée à Auschwitz, le 19 juillet, les 809 hommes ont reçu les matricules 48880 à 49688 et les 119 femmes les matricules 9550 à 9668.

Il y aurait eu, en 1945, 18 survivants de ce convoi.

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La note du 18 juillet de la Sipo-SD d'Orléans prévenant la section anti-juive à Paris que 809 Juifs et 119 Juives ont été déportées à l'Est, le 17 juillet :

Betrifft: : Abschub von Juden.

Am 17.7.1942 (Abfahrtzeit 6.15 Uhr) wurden aus dem Lager Pithiviers 809 Juden und 119 Jüdinnen nach dem Osten deportiert. Darunter befanden sich 193 Juden beiderlei Geschlechts aus dem Bereich des Kommandeurs Dijon und 52 aus der hiesigen Region.

Die Transportliste, die in zweifacher ausfertigung dem Transport-führer Leutnant der Gendarmerie Schneider übergeben wurde, liegt in doppelter Abschrift bei.

(signé)

Der Kommandeur

SS-Hauptsturmfürher


CONVOI N° 20 EN DATE DU 17 AOÛT 1942

Le 17 août, le sous-officier SS Heinrichsohn rédige le télex réglementaire adressé à Eichmann à Berlin, à l'Inspection des camps de concentration à Oranienburg et au commandant du camp d'Auschwitz.

Il annonce à ses destinataires que le même jour à 8h.55, le convoi 901/1( de 1000 Juifs a quitté la gare du Bourget/Drancy, en direction d'Auschwitz, sous la direction du Stabsfeldwebel Brandt.

Ce télex porte la cote XLIX-39 dans les archives du CDJC. Deux autres documents de la section anti-juive de la Gestapo se rapportent à ce convoi. Ils sont datés du 7 et du 10 août et portent les cotes XXVb-120 et 121.

Les Allemands ont dénombré parmi 997 partants: 497 Français,230 Allemands, 134 Polonais, 56 indéterminés, 30 Autrichiens, 7 Russes, 6 Turcs, 5 apatrides, 3 Hollandais, 3 Anglais, 2 Roumains, 2 Tchèques, 1 Belge.

Les femmes sont un peu plus nombreuses dans ce convoi que les hommes. C'est le second convoi par lequel les petits enfants juifs quittent la France vers le plus terrifiant des destins : 207 garçons de moins de 16 ans, dont 154 de moins de 10 ans : 3 de 2 ans, 9 de 3 ans, 11 de 4 ans, 18 de 5 ans, 11 de 6 ans, 18 de 7 ans, 18 de 8 ans, 35 de 9 ans, 34 de 10 ans.

On comptait 323 fillettes de moins de 16 ans. Parmi elles 185 de moins de 10 ans: 3 de 2 ans ,17 de 3 ans, 14 de 4 ans, 17 de 5 ans, 24 de 6 ans, 24 de 7 ans, 37 de 8 ans, 24 de 9 ans, 25 de 10 ans.

A part ces enfants, qui constituaient plus de la moitié du convoi, on dénombre plus de 300 adultes allemands, en provenance du camp des Milles, en zone non-occupée.

Les listes établies sur papier pelure et en copie sont en très mauvais état. Celles qui concernent les enfants portent la mention "Pithiviers".

Les enfants sont classés par wagons. La date et le lieu de naissance sont indiqués, ainsi que la nationalité et parfois l'adresse.

Wagon 1: 7 enfants, dont 3 Schorr, Claire 11 ans, Joseph 8 ans, Madeleine 7 ans.

Wagon 4: 62 noms; 56 enfants et 6 femmes: Lea Frandji, 46 ans, de Constantinople et ses 3 enfants, Suzanne 16 ans, Fanny 15 ans, Marie 12 ans; les 3 enfants Monica, Mina 11 ans, Hélène 6 ans, Joseph 4 ans; les 3 enfants Piotek, Esther 15 ans, Suzanne 13 ans, Jacques 10 ans.

Wagon 5: 46 enfants et 4 femmes. Parmi eux: les 5 enfants Jakubovitch, arrêtés dans le 14 ème arrondissement et déportés ensemble, sans leurs parents, l'aîné Samuel 9 ans, Anna 7, Rebecca 6, Armand 4, Marguerite 2. Il en est de même pour les 3 Ajdelsztejn, Maurice Il ans, Georges 8 et Jeannette 3 ; pour les petits Kac, Albert 11, Emile 5 et Régine 4; pour les enfants Goldcymer, Sabine 10 ans, Adèle 8 et Abraham 4.

Wagon 6: il contient 42 enfants et 4 femmes. 4 enfants Jubiler, Rachel 14 ans, Rose 6, Jeannette 3 et Leon encore plus jeune mais sans date de naissance; les 3 sœurs Kreimer, Anna et Berthe 16 ans, Jeannette 9; les enfants Aufrechter, Cécile 14, Henriette 11 et Georges 7. Une mère, Jochwata Brabander, 46, accompagne ses 5 enfants, Anna 15, Berthe 12,Maurice 6 et les jumeaux de 3 ans Françoise et Jacques.

Wagon 7: 33 enfants et 2 femmes.

Wagon 8: 48 enfants et 7 femmes, dont Esther Rozenholc 42 ans, qui emmène ses 4 enfants: Fanny 14, Leon 9, Suzanne 8 et Lise 4.

Wagon 9: 45 enfants et 8 femmes, dont Bajla Biglajzer et ses 4 enfants : Bernard 17 ans, Lucienne 9, Paul 7, Claude 3. Sa voisine, Pauline Poznanski, habitant le même immeuble, 86 Fbg St-Denis, part à 27 ans avec ses 3 enfants, Esther 6 , Berthe 4 et Albert 3. Les 3 enfants Magier, du 81 rue de Flandre, partent sans leur mère: Hélène a 11 ans, Elie 10 et Geneviève n'a que 3 ans.

Wagon 10: 49 enfants et 5 femmes. Parmi eux, les 4 enfants Wierzba, Claire 18, Sarah 15, Jeanne 13 et Jacques 10; Rosa Razencwajg,41, emmène ses 4 enfants, Jacqueline 10, Frida 9, Hélène 8 et Bernard 4 ans.

Wagon 11: 49 enfants et 6 femmes.

Wagon 12 : 57 enfants et 3 femmes: les 3 fillettes Gelbert, Suzanne 15, Paulette 9 et Simone 6 ans ; les 4 enfants Binenstock, Chana 12, Henri 9, Dora 5, Jacqueline 3. Ruchla Skorupka, 32, accompagne ses 5 enfants, Suzanne 10, Les jumeaux de 8 ans, Jacob et Henri, Samuel 6 et Paul 5 ans.

Wagon 13 : 46 enfants et 1 femme. Parmi eux les 3 enfants Goldstein, du 22 de la rue des Écouffes, Georges 8 ans, Bernard 7 et Simon 2 ans; les 3 Slamowic, du 14 de la rue des Nonains d'Hyères, Bernard 10, Jacques 5 et Denise 3; les 3 Grajcar, du 4 de la rue Piat, Thérèse 12, Maurice 8 et Claudine 4.

Wagon 14 : 46 enfants et 5 femmes, dont Szyfa Sznurman, 33, et ses 3 enfants, Henri, 10, Nicole, 6, et Rosette 2 ; Chindla Moszkowisz, 34, et ses 3 fillettes, Marcelle 11, Rachel 10 et Ginette 2 ; Dora Starowiejski, 35, et ses 3 enfants, Ida 11, Madeleine 8 et Leon 3 ans. Sont déportés sans parents, les 5 petits Winter, Louise 15, Aline 11, Rachel 7, Micheline 5 et Maurice 4 ans; les 3 enfants Cynaber, Georges 12, Lucien 10 et Denise 6.

Wagon 15 : 30 enfants et 12 femmes. Parmi eux 5 enfants Weldmann, Hélène 24, Charlotte 18, Fanny 16, Fernande 14, Albert 8. Tamara Zaborowski, 28, part avec ses 5 enfants, Thérèse 11, Raymonde 8, Rolande 6, Micheline 3 et Marcel 2 ans.

Les nazis ont eu l'impudence de mettre dans une liste intitulée "optants de la dernière heure" 3 personnes : ce sont des enfants de 8, 7 et 5 ans !

Une autre liste intitulée "optants" compte 16 personnes, dont 7 enfants.

On compte aussi 301 déportés qui avaient été transférés du camp des Milles, près de Marseille, à Drancy le 11 Août Surtout des allemands , des Polonais et des Autrichiens. Ils laissaient leurs enfants derrière eux, mais étaient déportés avec les enfants en provenance de Pithiviers. Les Allemands avaient décidé en effet de ne pas déporter de convois exclusivement composés d'enfants, mais de les mélanger avec des adultes, afin de ne pas émouvoir les populations civiles, qui verraient passer ces convois. Ce fut la réponse d'Eichmann à la demande de la section anti-juive de Paris (11.8.1942 / XXVb-123).

Nous donnons ci-dessous quelques extraits d'un rapport concernant le départ du camp des Milles des internés livrés par Vichy aux nazis et transférés de la zone dite "libre" en zone occupée, d'où ils allaient repartir très vite pour Auschwitz. Ce rapport daté du 24 août porte la cote CCXIII-115. Il concerne les départs des 11 et 13 août :

Nous avons assisté dans la matinée du Lundi au départ des enfants.
Pendant qu'on les faisait monter dans des cars avec leur mince bagage, des scènes déchirantes se sont produites. Les enfants jeunes, qui ne pouvaient comprendre les raisons de cette séparation. s'accrochaient à leurs parents et pleuraient. Les aînés, qui savaient combien la douleur de leurs parents était grande, tentaient de dominer leur peine et serraient les dents. Les femmes s'accrochaient aux portières des cars qui partaient. Les gardes et les policiers eux-mêmes dominaient mal leur émotion. L'impression était d'autant plus affreuse que jusque là le plus grand calme avait régné dans le camp. Une résignation pesante et amère se lisait sur les visages. Aucune protestation, aucun cri d'indignation ou de colère ne se faisait entendre. Il semblait qu'après tant d épreuves les internés n'avaient plus la force de se rebeller contre leur destin.

Dans l'après-midi du Lundi d'importantes forces de police cernèrent le camp et l'appel des premiers partants commença. 260 personnes furent rassemblés et dirigées sur la gare des Milles où attendait un train de marchandises. La mise à bord des wagons se prolongea fort avant dans la nuit. Les déportés étaient réunis par famille dans des wagons de transport, sans banquettes ni couchettes, recouverts seulement d'une couche de paille. Les wagons ont été hermétiquement fermés pour la nuit. Le train n'a pris la route, pour une destination inconnue que dans la matinée du mardi 11 Août.

Au lendemain du départ du premier convoi les autorités du Camp continuèrent sans attendre le recensement et le triage de ceux qui restaient encore. Rassemblés dans un vaste espace libre au centre du camp, en plein soleil, cernés par des gardes mobiles, l'arme sur l'épaule, les internés étaient appelés par ordre alphabétique. Il leur était interdit de s'éloigner. Épuisés par l'attente et l'inquiétude , ils s'allongeaient sur le sol ou s'appuyaient au bras d'un camarade. Quelques uns, à bout de forces, perdirent connaissance et dûrent être transportés à l'infirmerie.

Portant ou traînant leurs bagages, les déportés obéissaient avec calme aux indications qu'on leur donnait. Il faut ici signaler un pénible changement d'attitude de la part dos policiers. A la relative réserve de la veille avait succédé une attitude beaucoup plus brutale. Les gardes harcelaient la colonne, qui n'avançait pas assez vite à leur gré, appuyant de coups de bottes leurs exclamations. On vit même un capitaine de gendarmerie frapper d'un coup de poing un déporté. Devant ces scènes un pasteur protestant qui se trouvait sur les lieux fit après d'autres, une démarche auprès de l'Intendant de Police (qui ne quitta pas le camp pendant ces Journées). Le capitaine de gendarmerie fût sévèrement réprimandé, et - sur ordre - la conduite des policiers devînt moins révoltante.

Parfois un éclat déchirait l'étrange calme qui régnait sur le Camp. C'était un homme, ou une femme, à bout de résignation, qui tentait de se suicider en avalant du poison ou en se tranchant une veine. On compta dans la seule journée de Mercredi huit tentatives de suicide. Par une amère consolation on put obtenir l'annulation de l'ordre de départ pour ces malheureux.

Les équipes de distribution de vivres se rendirent dans la nuit auprès des wagons. Sur le talus qui séparait la voie de la route des policiers, fusil sur l'épaule, lampe électrique à la ceinture, faisaient les cent pas. Les faisceaux de leurs lanternes éclairaient seuls le train qui semblait, égaré dans cette ombre, sans origine et sans but. Dès que les factionnaires faisaient coulisser la porte du wagon, les déportés se précipitaient, suppliant qu'on les laisse au moins descendre un instant. Mais les ordres étaient formels. Le responsable désigné dans chaque wagon était seul appelé et prenait possession des colis pour ses compagnons de voyage.

Au matin, pendant que les équipes sociales juives et non faisaient la haie sur le talus, le train prit lentement le départ. On agitait des mouchoirs , comme pour de dérisoires vacances, mais les larmes remplissaient tous les yeux. Pas un cri, pas une protestation ne vint des wagons, où les visages se pressaient derrière les croisillons des fenêtres. Et ce silence, ce courage paisible jusqu'au dernier instant était plus déchirant que des larmes.

La dernière liste de ce convoi n° 20 est intitulée "T" et compte 44 noms. A leur arrivée à Auschwitz, deux jours plus tard, le 19 août, seuls 65 hommes furent sélectionnés avec les matricules 60113 à 60177, tandis que 34 femmes furent laissées en vie avec les matricules 17679 à 17713. Tout le reste du convoi, soit au moins 900 personnes, dont tous les enfants, a été immédiatement gazé.

À notre connaissance, il n'y avait en 1945 que 3 survivants de ce convoi:
Leon Czewonogora, Simon Hochberger et Julius Nacht.


CONVOI N° 29 EN DATE DU 7 SEPTEMBRE 1942

Le 7 septembre 1942, le sous-officier SS Ernst Heinrichsohn rÄdige le tÄlex que signe son supÄrieur, Heinz Röthke, chef de la section anti-juive de la Gestapo en France. Il annonce š Eichmann, š l'Inspection des KZ et š Auschwitz, que le convoi D 901/24 de 1000 Juifs a quitté la gare du Bourget/Drancy š 8h.55,sous la direction du sergent KrÚger. Ce tÄlex porte au CDJC la cote XXVb-155.

Parmi les 893 déportés que les Allemands ont répertoriés par nationalités, on dénombre: 317 indéterminés, 242 polonais, 188 Allemands, 104 Autrichiens, 56 Français, 24 Russes, 24 Tchèques, 8 Luxembourgeois, 8 Hollandais, 6 apatrides, 6 Belges, 3 Roumains, 2 Lithuaniens et 1 Serbe.

Le nombre élevé d'indéterminés est dû sans doute à la précipitation des nazis, qui n'ont pas examiné la situation individuelle de déportés arrivés de la zone non-occupée quelques heures avant le départ pour Auschwitz et dont l'âge n'a même pas été indiqué.

Ce convoi contient 435 femmes et 565 hommes. Mais, pour 133 femmes, l'âge n'est pas indiqué ; de même pour 145 hommes. Parmi les 725 déportés, dont on connaît l'âge, on dénombre 123 enfants de moins de 17 ans (71 fillettes et 51 garçons). La tranche d'âge la plus nombreuse se situe pour les hommes entre 36 et 46 ans (157) et pour les femmes entre 31 et 40 ans (87).

La liste, tapée sur papier pelure, en partie avec un carbone noir, en partie avec un carbone bleu, est dans un très mauvais état.

Cette liste se subdivise en 7 sous-listes :

1/ "Drancy": 111 partants. Il s'agit de personnes isolées, dont des enfants, tels Thérèse Dalfer 9, de couples et de familles, tels les Griff, Charlotte 38 et ses 4 enfants, tous nés à Reims, Jeannette 9, Maurice 7, Simon 4 et Léon 2; telle Pela Micner 44 et ses 3 enfants, Esther 19, Perla 16 et André 2; telle Genedla Rotzajt 37 et ses 3 enfants, Suzanne 12, Henri 9 et Régine 2; tels Max 39 et Esther 38 Russak et leurs 5 enfants, Berthe 19, Irène 17, Salomon 16, Joseph 13 et Irène 12. Des enfants déportés sans leurs parents, tels les 5 Irenstein, Nicole 13, Albert 11, Georges 9, Henri 5 et Jeannette 2.

2/ "camps divers": 29 noms, hommes, femmes et enfants venant du Vernet(24) et de Gurs (5).

3/ "Belfort": 9 noms, tous des Hollandais, tels les Oostra, Henri 45, Maria 41 et leur fils Jacob 16.

4/ "zone non-occupée": 283 noms et prénoms, sans indication d'âge et de nationalité. De nombreuses familles et de nombreux enfants, tels les 7 Engelberg, les 4 Ginsburg, les 5 Goldberg, les 4 Herszon, les 5 Hirschel, les 4 Ibel-Weissner, les 4 Lang, les 4 Levin, les 4 Wolf, les 5 Zysman, etc...

5/ "départ de volontaires": 32 noms, sans date de naissance. Parmi eux aussi des enfants, puisque la famille Urbach compte 6 personnes. La plupart de ces "optants" viennent du camp de Rivesaltes.

6/ "camp des Milles": 488 partants. Une page avec 16 noms (524 à 540 ; il y a en plus 81 noms barrés) fait défaut ; elle couvrait des noms allant de SZ à WE. De nombreux enfants se trouvent sur cette liste, tels les Dymenbort, Jacob 21 , Maria 12, Inda 3 et leurs parents, tels les Gelbart, Max 13, Hélène 10 Paulette 3 et leurs parents ; les 5 Golberg, Jacques 14, Anna 13, Marie 11 ,Cécile 10 et Françoise 9 ; tels les 3 Rosner, Gisèle 11, Naphtalie 7, Rachel 6 et leur parents.

7/ "partants de dernière heure": 77 personnes en provenance de divers camps de la zone sud. Parmi elles des familles, telle les Steinfeld, Herman 35, Mach 35 et leurs fillettes Edith 13 et Charlotte 4 ; telle les Tauben, Abraham 39, Feder 32, Charles 10 et Anna 8, telle les Szulovitz, Maurice 40, Rachel 39, Sylvia 9 et Myriam 8. Parmi ces partants de "dernière heure" ,sans doute des mères qui se sont battues pour pouvoir partir avec leurs enfants dont elles étaient séparées : par exemple on relève le nom de Ida Lipka 39, alors que dans la sous-liste du camp des Milles, on trouve 3 Lipka, Daniel 45, Génia 17 et Ady 16.

Avant l'arrivée à Auschwitz, qui a eu lieu le 9 septembre, un nombre indéterminé d'hommes a été sélectionné à Kosel (voir fin de la notice du convoi n° 24). A Auschwitz même, 59 hommes ont été laissés en vie avec les matricules 63164 à 63222 ; il en a été de même pour 52 femmes qui reçurent les matricules 19243 à 19294. Le reste du convoi a été immédiatement gazé.

Le registre des survivants au Ministère des Anciens Combattants porte 12 noms, tous des hommes. Mais en Belgique, j'ai pu obtenir la liste des déportés qui sont rentrés en Belgique sans passer par la France, en 1945. J'ai relevé 22 noms supplémentaires, tous des hommes également

A noter qu'exceptionnellement, le "calendrier" d'Auschwitz (Hefte von Auschwitz n° 3 (1960) p. 88) précise pour une fois que seulement 893 personnes sont arrivées à Auschwitz. Ce qui indique qu'une centaine d'hommes ont été sélectionnés à Kosel. D'ailleurs Adam Rutkowski signale ("Le Monde Juif" n° 57-58 p. 61) un témoignage d'un déporté de ce convoi, Abram Strawczynski (DXXX-46) confirmant que les hommes de moins de 50 ans descendirent à Kosel. En fait il ne s'agit pas d'un événement isolé, comme on l'a cru, mais d'une sélection systématique des hommes le mieux en état de travailler, avant l'arrivée à Auschwitz et pour l'année 1942,à partir du convoi n° 24 du 26 août.

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Rapport du Commandant SS Herbert Hagen, la "tête pensante" du Général SS Oberg, sur un entretien Oberg-Laval du 2.9.42.

Le Chef Suprême SS et
Chef de la Police en France

Hg/Lg

Paris, le 4 Septembre 1942

I. NOTES

OBJET. : Règlement des conversations au sujet du transfert des juifs du territoire non occupé, vers l'Est.

Pendant la réunion du 2.9. entre le Chef Suprême SS et Chef de la Police et LAVAL (à prendre comme complément des notes du 3.9.) le Président a déclaré que, à plusieurs reprises, des diplomates étrangers ont demandé, où étaient dirigés les transports juifs venant du territoire non occupé, et qui avaient été remis aux autorités d'occupation. Lui, il avait indiqué par principe, qu'ils ont été transportés vers le Sud de la Pologne. Il demande maintenant une règle pour les conversations afin de ne pas avoir de différence avec les renseignements donnés par nous , pour que cela ne puisse créer des difficultés. Il a été convenu sur cet te demande du Président LAVAL, qu'il devait répondre dans le futur que les juifs des territoires non occupés remis aux autorités d'occupation, sont transférés à l'intérieur du "Gouvernement Général" pour être affectés à des travaux.

(signé)

HAGEN

SS-Sturmbannführer


CONVOI N° 47 EN DATE DU 11 FÉVRIER 1943

Au lendemain du départ du convoi du 9 février, Röthke, chef du service anti-juif de la Gestapo, rédige une note détaillée, qui porte le paraphe de ses destinataires, Knochen, le chef des services de sécurité et de la police de sûreté, la Sipo-SD, et le général Oberg, chef des SS et de la police allemande en France (XXVc-204).

Dans son rapport, Röthke indique: 837 Juifs français sont internés à Drancy, à la suite des rafles de décembre 1941 et de 1942,plus 661 Juifs français ayant enfreint les lois. L'Office central de sécurité du Reich, le RSHA,a donné le feu vert pour de nouveaux transports de 1000 Juifs aux dates du 9,du Il et du 13 février 1943. Le 1 er train a quitté le Bourget/Drancy, le 9 février, avec 1000 Juifs apatrides ou appartenant à des catégories déportables. De même, le second convoi est prêt à partir avec 1000 Juifs apatrides ou appartenant à des nationalités déportables. Quant au 3 ème transport, le 13 février, il doit être constitué de Juifs français ayant commis des délits et internés à Drancy. En outre, la police française veut interner, jusqu'au Il février, grâce à quelques petites rafles, des Juifs déportables, donc étrangers. La police française a fait elle-même cette demande parce qu'elle voulait éviter surtout que des Juifs français soient déportés. Les représentants de la police française ont déclaré à Röthke que la question de la déportation des Juifs de nationalité française n'était pas encore réglée entre les gouvernements français et allemand. En conséquence, la police française n'aidera pas à la déportation des Juifs français, même ceux passibles d'une peine, tant que cette question ne sera pas réglée. Röthke conclut ainsi sa note:

"j'ai répondu à ces messieurs que cette optique m'étonnait cependant, eu égard au fait qu'en 1942 nous avons déjà déporté des Juifs de nationalité française ayant contrevenu aux dispositions légales les concernant. Sauts(le collaborateur du préfet Leguay, représentant en zone occupée de Bousquet, secrétaire d' État à l'Intérieur de Vichy) a encore déclaré que d'après le point de vue de Bousquet, nous pouvions déporter tous les Juifs français ,qui se trouvent à Drancy mais que La police française ne pourrait nous aider. Après décision au téléphone du Bas (Knochen),j'ai déclaré à Sauts que le transport du 13 février partirait de toutes façons. Je ferai encore ce soir un rapport au RSHA sur La question des transports".

Après le renversement de situation produit par la défaite allemande à Stalingrad, Vichy devenait, on le voit, plus prudent dans sa collaboration anti-juive avec la police nazie. Sa réserve se manifestait au sujet de la déportation des Juifs français, qui pouvaient en cas de victoire des Alliés, lui être reprochée avec plus d'efficacité judiciaire et passionnelle que celle des familles de Juifs étrangers, ne laissant derrière elles que peu de traces dans la communauté nationale française. De là, les réticences de Vichy à afficher trop ouvertement des policiers français au départ de transports de Juifs français ; de là aussi son cynisme imbécile : organiser des rafles de Juifs étrangers pour éviter la déportation de Juifs français. Comme l'écrit Knochen dans son rapport télégraphique sur "La solution finale du problème juif en France", le 12 février (XXVI-71), au chef de la Gestapo du Reich, Müller : pour préserver les Juifs français de la déportation, la police française a arrêté, le 11 février, et livré spontanément 1300 Juifs étrangers, qui seront déportés, tout comme les Juifs français.

Le second convoi de février, celui du 11, a été constitué de Juifs étrangers, comme nous venons de le constater. Nous avons dénombré 372 Polonais, 154 Français (surtout des enfants nés en France de parents étrangers), 109 Russes, 65 Hollandais, 64 Roumains, 56 Allemands, 41 Turcs, 40 Grecs,32 Hongrois, 20 Tchèques,16 Autrichiens, 15 Belges, 10 Bulgares et quelques autres divers, dont même une Juive, née en Pologne et de nationalité chinoise par mariage. Nous avons compté 499 hommes, 477 femmes et 22 indéterminés. Il y a 175 enfants de moins de 18 ans, dont 123 de moins de 12 ans. 172 déportés ont plus de 60 ans (des vieillards furent pris dans des asiles et amenés le 10 février à Drancy en même temps que des enfants pour compléter l'effectif).

Le télex habituel adressé à Eichmann et à Auschwitz est daté du 12 février ; il porte la cote XXVc-205 et indique que la veille à 10.15 un transport a quitté la gare du Bourget/Drancy en direction d'Auschwitz avec 998 Juifs, avec comme chef d'escorte, l'Oberleutnant Kassel, de la Schutzpolizei, qui a rédigé, le 12 février, un rapport au sujet de tentatives d'évasion,qui eurent lieu avant la frontière française (XXVc-208 et voir dans "La lutte des Juifs en France" d'A. Rutkowski,p.149150). Il y eut trois tentatives, qui, toutes, échouèrent.

La Liste n° 47 est en très mauvais état. De nombreux noms sont presque illisibles, en raison de l'effacement des caractères sur le papier pelure.

9 sous-listes:

1 "Romainville": il doit s'agir de Juifs étrangers ayant enfreint les règlements ou suspectés d'actes de résistance et transférés du fort de Romainville à Drancy. 20.

2/"Romainville-Français" : 16 personnes, de nationalité française, dans le même cas que 1/

3/"Compiègne étrangers" : 12 hommes transférés du camp de Compiègne à Drancy.

4/"Compiègne-Francais" :39 hommes

5/"Drancy 1": 56 personnes, dont plusieurs familles, comme Abraham 47 et Merla 45, Checisnki et leurs 4 enfant, Wolf 17, Eline 11, Anna 7 et Simon 4.

6/"Drancy 2" : 745 noms, dont 79 barrés, soit 666 partants. De nombreuses familles, dont la plupart des enfants sont Français: Henri Ayzenberg 2, Maxime Borenheim 3, Jeannette 4 et Hélène 2 Diamand, Samy Grin 9, Joseph Haber 7, Tony Jakovits 5, Hélène 8 et Simone 6 Zavidovitcz, Anna 6 et Lucette 3 Klein, Michel Zelicki 1, Gilles Lewinger 1, Madeleine Wais I,Claudine Malach 3, Micheline Muller 1,Germaine 7 et Pierre 3 Roth, Jacqueline Kravtchik 2, Elie 9 et Colette 2 Salomon, Myriam 5 et Abel 2 Sinizer. Parmi les familles : Elie 50 et Mathilde 38 Azouvi et leurs 3 enfants, Eva 17, Louisette 14 et Gaston 12, Samuel 45 et Gracia 37 Beraha et leurs 3 enfants, Albert 9, Michèle 8 et Monique 4 ; Georges 34 et Nessa 33 Erdel et leurs 3 enfants, Betty 4, Michèle 3 et Annie-Rose 2 ; Malki Eskenasi et ses 4 enfants, Rose 12,Allegra 10,Albert 7 et Leon 6; Perla Goldsztajn avec Micheline 2 et Françoise 1; Moise 44 et Perla 42 Kavayero et leurs 5 enfants, Sarah 19,Esther 16,Elie 14,Diamante 10 et Suzanne 6; Laja Kuperberg 35 et ses 3 enfants, Farja 13,Esther 9 et Henri 1; Djaya Lerca 34 et ses 3 enfants, Rebecca 12,Esther 8 et Isidore 4; Sarah Namer 47 et ses 4 enfants, Maurice 19,Dora 15,Claire 12 et Fanny 9; Sarah Semel 34 avec Salomon 2 et Isabelle qui n'a que 9 mois; Louise Swarcbart et son bébé Bernard; Zurek 42 et Golda 40 Wapniarz et leurs 3 enfants, Régina 7, Robert 3 et Joseph 1 ...

7/"Drancy3" : 67 partants. Parmi les enfants, Georges 4 et Fernande 2 Blachmann; Berthe 13 et Denise 9 Lemel ; Lucienne Porjes 1; Blanche Skrzydlak 8.

8/"Hôpital-Hospice-Orphelinat" : Les nazis complétaient les effectifs avec les malades, les fous, les vieillards et les petits enfants, tous mêlés dans cette liste : Théodore Baera 82, Githel Mendelevitch 91, Esther Krimer 84, Caroline Neumann 82, Bertha Schmulevitz 84, Kiva Makline 80, Gitla Wasjlfisz 83, Fania Krinitchersky 86, Marie Dreyfuss 85,Maria Kohn 80, Peisa Linker 80 + 15 septuagénaires. Parmi les enfants: Edith Becker 12, Sarah Beznovennu 11, Berthold Bodenthal 8; Marguerite 14 et Simon 8 Bogaert ; Ruth Buntmann 10,Esther Don 11, Jacques Fiszel 4, Victor Grumberger 6, Emile Hubert 12, Gaston Kahn 9, Marie-José et Henri 10 Klayming, Leib Kuzka 10, Sarah Lerer 12, Joseph 11, Zelman 8 et Jeanine 2 Lipszyc, Gisèle Messinger 12, Joseph 10 et Augusta 5 Skoulsky ; Mina 9, Lola 6 et Simone 4 Sternchuss...

9/"Partants de dernière heure": 19 personnes

Les conditions de ce départ étaient si abominables que, dès la gare du Bourget/Drancy, une des déportées, Linda Geber 64 succombait ; c'est ce que nous apprend une annotation manuscrite de Röthke sur la liste du convoi.

A l'arrivée à Auschwitz, le 13 février, 143 hommes furent sélectionnés et reçurent les matricules 102239 à 102280, ainsi que 53 femmes (35290 à 35342). Tout le reste du convoi fut immédiatement gazé. Il y avait, en 1945, 10 survivants, dont 1 femme.